Originaires d’Ethiopie et refusant toute forme de domination, les Lébous se sont déplacés de la corne de l’Afrique à l’extrémité occidentale du continent : un séjour en Egypte, une émigration en Libye, puis en Mauritanie et dans la vallée du fleuve Sénégal où leur passage est attesté par l’existence des villages de Ndioum et Cascass.
Ils se sont ensuite installés dans le village de Katié qui fut le berceau du Royaume du Djolof, puis à Djander d’où une première vague va fonder les villages Lébous de la petite côte, à Thioroum où partirent les fondateurs de Bargny et Rufisque, puis Mbao et Mbokhekh d’où partirent les familles Bègne qui fondèrent les douze « penc » de Dakar, et ceux de Soumbédioune qui sont à l’origine des villages de Yoff, Ngor et Ouakam…
D’après plusieurs sources, c’est vers 1432 que le village de Yoff a été fondé et s’appelait alors Mbokhekh. A la dislocation de ce dernier dont les contours recoupaient d’avec ceux de l’actuelle cité Patte d’Oie Builders vers le Stade Léopold Sédar Senghor, ces occupants se seraient scindés en deux principaux groupes qui auraient poursuivi leurs progressions vers le sud de la tête de la presqu’île et vers le nord de celle ci. Cette dernière vague, après avoir quitté Mbokhekh, se serait installée à Mbendji Dob. Elle occupait la partie surélevée qui surplombait l’Océan. Ils lui donnèrent le nom de Yoff qui signifie «Yeew fi» (attaché ici) ou «Yotane» (guetté) en 1558.
Quelques années après leur installation. Le conseil des notables donna l’autorisation pour la création de nouveaux quartiers.
Ce qui permet une extension du village et un développement qui devait le faire sortir du joug de l’empire du Cayor qui exerçait sa domination jusqu’au village de Yoff. Comme le Damel du Cayor demandait aux populations yoffoises des taxes annuelles, chaque quartier qui ne payait pas faisait l’objet d’une destruction par incendie. Pour éviter cela, les populations yoffoises avaient étendu leurs demeures empêchant ainsi l’armée du Damel de les encercler pour les incendier.
Ainsi le premier quartier créé est celui de «kaada guedj» en 1565 par Gana samb et Matawaye Samb. En 1569, un neveu des sambénes Moussa Mbengue créa un quartier dont il donna son nom de famille : Mbenguène. Le quartier de Diourawali, actuellement un sous quartier de Ndénatte, fut crée en 1605 par Latyr Diène.
Vient celui de Ndeungagne créé en 1609 par Malick Samb, plus connu sous le nom de Malickab Deugagne. Puis en 1613, Gaal Diagne fonde le quartier de Tonghor. Le quartier de Ndénatte est crée par Mbor Thiaw en 1617. Alors que les quartiers de Ngaparou et Dagoudane sont respectivement crées par Daour Mbengue en 1621 et Saarot Seck en 1702 (Dagoudane est le seul quartier crée par une femme). Le quartier Layène est venu bien après ceux-ci. Il a été crée par le Saint Maître Limamou Laye le Mahdi (PSL).
Aujourd’hui les sociétés immobilières ont massivement investi cette zone. Ainsi on y compte une vingtaine de cités nées des coopératives d’habitat de certaines sociétés de la place et regroupées dans les quartiers de : Diamalaye, Cité BCEAO, Ouest foire, Nord foire etc. Ces nouvelles cités n’ont vu le jour qu’à la fin des années 80.
Entre Pêche,
agriculture et élevage
Yoff est l’un des ports de pêche traditionnels les plus importants du Sénégal. La pêche et ses activités annexes constituent la base de l’économie des yoffois. L’agriculture et l’élevage quant à elles se contentent de subvenir aux besoins propres de la ville.
Les activités artisanales de constructions (maçonnerie, menuiserie, plomberie) et autres (couture, mécanique) viennent en seconde position. L’administration et les industries ne jouent qu’un rôle minimal dans l’activité économique.
Tous les ans, l’APECSY (Association pour la promotion économique, culturelle et sociale de Yoff) organise le Festival des peuples de l’eau. L’agence Sénégalaise de la promotion des exportations est implantée à Yoff (Dakar Peytavin) pour favoriser le développement des PME Sénégalaises à l’international.
Yoff, capitale religieuse
et porte du Sénégal
La commune de Yoff est située à l’extrémité ouest de la presqu’île du Cap-Vert. Elle est limitée à l’ouest par la commune de Ngor, au nord par l’Océan Atlantique, au sud par l’aéroport international de Dakar et la commune de Ouakam, et à l’est par les communes des Parcelles Assainies, de la Patte d’ Oie et et de Grand Yoff.
La population de Yoff qui est passée de 12 600 habitants en 1988 à 59 000 habitants en 2007 est composée de Lébous, Wolofs, Sérères, Diolas, Toucouleurs, Peuls, Sarakolés… A côté de ces groupes, figurent des ressortissants Africains.
L’urbanisation a favorisé un épanouissement des populations (accès aux équipements sociaux : centre de santé, écoles, centre culturel, marchés…) ; sa non maîtrise est à l’origine de beaucoup de problèmes. Entre autres, une série de dysfonctionnements qui affecte la qualité de l’environnement yoffois, les mœurs et les modes de vie des jeunes générations…
Ainsi, les écosystèmes côtiers et marins subissent de manière continue les impacts négatifs de cette situation et de nouveaux fléaux comme la drogue, la violence, frappent les jeunes. Cependant ces difficultés relevées à Yoff n’enlève en rien au riche patrimoine dont dispose cette commune. Ce patrimoine part des ressources littorales aux valeurs socioculturelles en passant par les nombreux avantages liés à sa position géographique : proximité du centre ville dakarois et de l’aéroport Léopold Sédar Senghor ; situation au nord-est de la presqu’île balayée par les alizés maritimes d’où le doux climat qui y règne presque toute l’année. Ce sont là des leviers sûrs pouvant servir de supports pour un développement endogène intégrant les principes de durabilité pour garantir une pérennisation des acquis sur une longue période.
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